Reconversion: 8 étapes pour changer de vie

Reconversion: 8 étapes pour changer de vie

 

Choisie ou imposée par le contexte de crise, une transition professionnelle exige réflexion et patience, ne serait-ce que pour défricher les dispositifs existants et les modalités de financement.

 

Devenir thérapeute, ouvrir une librairie ou une boulangerie, se former à la gestion de projets à impact environnemental, au graphisme, au développement de sites Web… Les confinements ont boosté les envies de changement professionnel chez certains actifs, quand d’autres ont été contraints par la crise à une reconversion. Que ce soit pour acquérir des compétences ou changer de vie, vous avez décidé de vous lancer. Mais par où commencer ? On vous guide en huit étapes.

1. S’inspirer

Votre réflexion en est à ses prémices ? Cherchez l’inspiration en écoutant des podcasts spécialisés en reconversion professionnelle – « Génération XX », « Les Déviations » (« Patrick, l’homme d’affaires devenu chamane », « Clotilde, faire de son travail un jeu »)

Sollicitez des personnes qui vous ouvrent à de nouveaux univers – des « mind expenders », comme les appelle Alexia Colson-Duparchy, autrice du livre De l’art d’envoyer valser sa carrière (Hachette, 2020). « Il ne faut jamais hésiter à parler de ses projets, car il y aura toujours une personne pour vous mettre en contact avec quelqu’un qui est passé par là. Un mentor, c’est aussi précieux qu’un financement », affirme-t-elle.

Si vous avez un besoin urgent de retrouver du travail, regardez en priorité les formations aux métiers qui peinent à recruter : les secteurs du bâtiment, du sanitaire et social, les métiers liés à la transition écologique, au numérique.

2. Tester sa motivation

Suivre un MOOC (cours en ligne) sur la formation ou le métier envisagé permet de se rendre compte du cadre de la formation – une bonne manière de voir si vous serez capable de vous replonger dans des manuels. L’université de Toulouse propose, par exemple, cinq semaines d’introduction à la psychologie à l’université. Vous hésitez sur les actions à mener ? L’Association pour l’emploi des cadres (APEC) propose de tester votre projet en dix minutes.

Si vous envisagez une reconversion vers un métier physique, avant de vous lancer dans une formation, « faites une immersion pour vérifier que votre corps ou votre mental tiennent le coup », prévient Carine Celnik, fondatrice de la plate-forme TestUnMétier, qui propose, comme son nom l’indique, de tester un métier. Ebéniste, boulanger, boucher, coutelier… les métiers manuels ont la cote chez les cadres en quête de changement, mais il est en effet important de passer de l’imaginaire fantasmé d’une profession à sa réalité. « Se mettre en situation, faire des stages, même de quelques heures, toucher la sphère émotionnelle et corporelle peut éviter bien des déconvenues par la suite. »

3. Jouer la carte CEP

Le conseil en évolution professionnelle (CEP) est un atout à jouer, d’autant qu’il est gratuit. Mis en place par la loi du 5 septembre 2018 relative à la liberté de choisir son avenir professionnel, ce dispositif d’accompagnement personnalisé s’applique à tout projet de reconversion ou de reprise d’activité.

Commencez par le quiz « Le CEP est-il fait pour moi ? », accessible sur le site du CEP. Spoiler : à peu près tout le monde est éligible au CEP, travailleurs du secteur privé ou public, jeunes sortis du système scolaire, demandeurs d’emploi, personnes en situation de handicap, artisans, microentrepreneurs. Chacun sera dirigé vers l’organisme adéquat (APEC, Pôle emploi, mission locale, Cap emploi…).

Pour les plus téméraires, France compétences est la plate-forme de référence qui centralise les informations sur la formation et l’apprentissage (cadre juridique, enquêtes, référentiels, médiation…). L’alternance est, en effet, un excellent moyen de reprendre des études tout en étant rémunéré. D’autant que les employeurs bénéficient, jusqu’à la fin 2021, d’une prime pour l’embauche d’un apprenti (il faut toutefois avoir moins de 30 ans).

Les contrats de professionnalisation, l’autre dispositif d’alternance, sont eux sans limite d’âge.

4. Envisager un bilan de compétences

Faire un bilan de compétences permet de mettre le pied à l’étrier « pour quelqu’un qui a besoin d’aide pour faire le point », estime Guillaume Huot, membre du directoire de Cegos, acteur du marché de la formation professionnelle.

A condition de choisir le bon accompagnement. « Attention au choix de l’organisme de bilan, met en garde Fabienne Courbo, du centre de valorisation personnelle et professionnelle Acting. Certains noms apparaissent 40 fois sur la plate-forme MonCompteFormation, car ils proposent des formations par blocs de compétences, et la logique de l’algorithme les favorise. Mais la visibilité ne garantit en rien la qualité ! » Le mieux est d’aller voir sur le site de l’organisme visé quand il a été créé, s’il bénéficie d’une certification DataDock – ou désormais Qualiopi. « Appelez ou rencontrez plusieurs organismes, vérifiez leur clarté, évaluez votre ressenti ». Le bilan de compétences est éligible au compte personnel de formation (CPF).

 

5. Activer son CPF

Le compte personnel de formation permet d’acheter une formation qualifiante ou certifiante, grâce à des droits accumulés. Mais le nouveau dispositif peine encore à entrer dans les mœurs. « Sur 20 millions d’actifs concernés, seuls 6 millions ont ouvert un compte », observe Guillaume Huot. Premier réflexe, donc : ouvrir votre compte CPF sur le site ou l’appli. Cela prend à peine cinq minutes et ne nécessite que votre intervention.

D’ailleurs, si vous aviez des anciens droits DIF, vous avez jusqu’au 30 juin 2021 pour les déclarer dans votre CPF (avec justificatif) Le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), acteur historique, propose des formations modulaires et à distance éligibles au CPF, comme l’explique cette infographie récapitulative. Si vous ne souhaitez pas suivre une formation longue par « blocs de compétences », il faudra vous tourner vers un autre financement.

6. Des formations

Mieux vaut avoir un allié – le conseiller de transition professionnelle – pour vous aider à monter votre dossier. Si le projet est retenu par la commission, ce sont à la fois le coût de la formation et le salaire (si la formation s’effectue sur le temps de travail) qui seront pris en charge (jusqu’au plafond de Transitions pro, soit 18 000 euros). Les étapes sont expliquées dans des webinaires.

Autre cas de figure : le dispositif démissionnaire, destiné aux salariés en CDI qui ont cinq ans d’ancienneté et qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat ou dans une reconversion en démissionnant de leur poste. A noter qu’il existe aussi des transitions collectives pour les salariés dont le métier a été fragilisé par la crise (aéronautique, restauration, loisirs…).

7. Des formations financées pour les demandeurs d’emploi

Pôle emploi propose plusieurs dispositifs. Des formations gratuites, tout d’abord, principalement pour des personnes qui n’ont pas de qualifications particulières. Ces formations peuvent se dérouler 100 % en présentiel, en mixte ou 100 % à distance.

Une aide individuelle à la formation, ensuite. C’est à vous, demandeur d’emploi, de soumettre à Pôle emploi un devis (opération possible depuis l’appli CPF) pour une éventuelle prise en charge.

Une aide à la formation préalable au recrutement, enfin. C’est une formation d’adaptation au poste de quatre cents heures au maximum (sauf cas particulier), en lien avec les besoins de l’entreprise. C’est alors au futur employeur de soumettre le devis à Pôle emploi.

8. Bien choisir sa formation

Formation diplômante, qualifiante ou certifiante : assurez-vous d’avoir bien saisi les nuances. « Il est important de bien réfléchir au choix du diplôme en fonction de l’objectif », conseille Isabelle Borras, directrice du centre associé Céreq de Grenoble. « Il s’agit aussi de comprendre l’organisation du diplôme. Un adulte qui s’inscrit en licence générale avec des étudiants de 18 ans risque de se sentir marginalisé, tandis qu’en licence professionnelle ou en master les publics sont mixtes, il y a davantage d’enrichissements mutuels. »

  • Bon à savoir : en cas d’autofinancement, les universités accordent souvent d’importantes réductions. Un point à ne pas négliger, car le coût dépasse le budget CPF : jusqu’à 10 000 euros par an pour un master, 4 000 euros pour une licence professionnelle. Chaque université a son propre service de formation continue, que vous pouvez contacter pour avoir un entretien, des conseils, des informations sur les tarifs et les aménagements possibles.

https://www.apec.fr/

https://www.lemonde.fr

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